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Page blanche à Granby

Chroniques Pierre-Michel Fortin
Le blocage de l'écrivain, parfois appelé « syndrome de la page blanche », « angoisse de la page blanche » ou « peur de la page blanche », désigne, chez un écrivain, la difficulté à trouver l'inspiration et la créativité au moment d'entamer ou de continuer une œuvre. (Wikipédia) L’auteur de ces lignes remercie bien humblement, l’honorable quidam qui, dans l’espace de quelques mots audacieux, aura réussi à illustrer aussi simplement que cruellement, le mal profond qui m’occupe en ce moment. J’entends d’ici les commentaires funestes…” Mais comment peut-il être en mal d’inspiration, nous ne sommes qu’à la huitième semaine ?”, “De kessé kidi ?”…je sais, la perspicacité de vos arguments se défendent sans assistance. Et comme disait l’avocat d’un revers de toge hystérique, je suis ni pour ni contre, bien au contraire. Mais revenons le temps d’une volage lucidité à ma première responsabilité littéraire et sautons, comme le dirait l’unijambiste déçu, à pieds joints sur le sujet. Ainsi donc, je l’admets d’un geste, ma page est blanche comme la neige, cette poudre blanche essentiellement raciste d’ailleurs puisqu’elle refuse obstinément de tomber en Afrique. Croyez-moi, ce n’est pas une question de vouloir bien loin de là, mais résolument de pouvoir. Allez! Assez déconné! Ma tâche est cruelle puisque vous ne vous en doutez sans doute pas, mais il m’est personnellement difficile de toujours critiquer. En bien ou en mal. Et voyez-vous, outre quelques secousses ici et là, l’état des choses flotte sans peine sur l’anneau d’argile smectique de la rue Cowie. Mais en me forçant un peu…je pourrais trouver à redire non ? Essayons… Granby…les installations sont dignes des plus belles pistes de terre, la piste est droite comme une autoroute, les estrades sont solides et bien entretenues, le puits dans le centre de la piste donne du mouvement pour les spectateurs, grâce au tunnel il est possible d’accéder en tout temps aux puits en toute sécurité, les loges et la tour des officiels sont confortables, il y a quatre classes spectaculaires de courses, de bonnes bagarres en piste et depuis peu dans les puits, les remorqueuses de Boissonneault et fils font un travail exemplaire, les services d’urgence sont de première classe, et ce depuis des années, les courses se terminent fréquemment à une heure décente, les prix à l’entrée sont dans la norme, non…tout va bien, mais pourtant je ressens une étrange sensation…comme un caillou dans une chaussure… En fait voilà, j’ai trouvé ! L’Autodrome Granby est trop propre ! Tout est à l’ordre, réfléchi, aiguillé au quart de tour, trop corporatif pour une piste de terre battue, cela manque de “grit” ! Y a même plus de poussière dans la poutine ou la bière ! En soi, c’est un heureux problème diront la plupart dont je fais partie, mais tout de même. Ouf ! Mon âme est sauvée…J’ai réussi à critiquer !
Pierre-Michel Fortin
Chroniqueur spécial
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