Crédit photo : Yanick Lefebvre

Les travailleurs de l’ombre

Chroniques Tommy Lavallée
Samedi matin 11 :00. J’arrive au Colisée Cardin de Sorel-Tracy en prévision du match contre les 3L de Rivière du Loup le soir même. Hugo Labossière et Maxime Latraverse sont déjà au travail. Arrivés à 9 :00, Hugo s’affaire à l’aiguisage des patins de chaque joueur alors que Maxime place l’équipement dans les sacs. La veille après la victoire des Éperviers contre les Riverkings, les deux préposés à l’équipement ont pris bien soin de laver toutes les sous-vêtements ainsi que les chandails et bas des joueurs. Après les matchs, alors que les joueurs quittent la chambre pour rejoindre leurs familles et leurs amis, Maxime et Hugo doivent s’assurer que l’équipement soit bien rangé et prêt pour le prochain match. Plus souvent qu’autrement, ils sont les derniers à quitter le Colisée et les premiers arrivés le lendemain matin. Le départ pour Rivière du Loup est prévu pour midi. Les derniers préparatifs vont bien. Kevin Lusignan et moi donnons un coup de main à Hugo et Maxime pour placer l’équipement dans la remorque. Ils doivent s’assurer de ne rien oublier. La table d’aiguisage, le séchoir à gants, la table de massage, les gourdes, tout est apporté. Lorsqu’ils arrivent dans un aréna, leur travail est complètement autonome. Ils ont tous les équipements nécessaires à la préparation et la réparation de l’équipement. Nous partons pour Rivière du Loup. Nous revenons sur le match de la veille. Nous parlons des différents dossiers dans la ligue. Nous regardons des vidéos de combats et de jeux spectaculaires. C’est sans surprise que la première constatation que je fasse est qu’ils sont deux passionnés de hockey. Pour offrir autant de temps à une équipe, il faut adorer ce que l’on fait. Tellement passionnés que parfois dans l’intensité du moment, ils se font prendre au jeu et deviennent des acteurs du match. Hugo Labossière en plus d’avoir dépanné comme deuxième gardien lors de certains matchs, a 3 matchs de suspension à son actif. Son franc-parler ne plaît pas toujours aux officiels… Après une pause pour dîner, nous arrivons finalement au Centre Premier Tech aux alentours de 16 :00. Comme le match est à 19 :30, cela laisse amplement de temps aux deux préposés de bien préparer les choses pour l’arrivée des joueurs. Pendant qu’Hugo prépare la table pour la thérapeute Jennifer Gagné, Maxime prépare les bâtons des joueurs. Kevin Lusignan et moi tentons tant bien que mal de les aider mais leur routine est déjà bien établie et ils savent où ils vont. Les joueurs arrivent, à part quelques demandes de certains, tous ont tout ce qu’il leur faut pour disputer le match. Un photographe engagé par la ligue vient prendre des photos individuelles de chaque membre de l’organisation. Pour une des rares fois pendant l’année, le personnel de soutien sera aux avant-plans. Le match débute. Situés à chaque extrémité du banc, Maxime et Hugo ouvrent les portes, fournissent des serviettes aux joueurs et répondent à leurs différentes demandes. Pendant un désavantage numérique, Christian Deschênes brise son bâton. Maxime s’empresse d’en remettre un à Hugo qui le remet aussitôt à Deschênes lorsque celui-ci vient pour en cueillir un. Au même moment, un coéquipier envoie la rondelle vers Deschênes. Maintenant équipé d’un bâton flambant neuf, celui-ci en profite pour s’échapper et marquer le deuxième but des siens. Officiellement, la passe sur le but revient à Grégory Dupré mais on peut facilement dire que les deux préposés à l’équipement ont eu leur mot à dire dans ce but. En milieu de deuxième période, Étienne Brodeur se fait expulser de la rencontre pour un plaquage par derrière. Alors qu’il se dirige vers la chambre des joueurs, l’entraineur adverse entre dans le corridor communiquant entre les deux vestiaires et enguirlande le jeune joueur des Éperviers. Hugo Labossière, avec son franc-parler habituel, fait comprendre à l’entraineur adverse qu’il n’a aucune raison de faire cela et lui demande de se concentrer sur sa propre équipe. Étant toujours avec l’équipe, les deux travailleurs de l’ombre font partie de celle-ci. Ils connaissent tous les goûts et préférences au niveau de l’équipement pour chaque joueur. Il se développe une relation amicale entre eux et les joueurs démontrent un grand respect envers le travail de Maxime et Hugo. Fait cocasse, nouvellement acquis par les Éperviers, Mario Joly a reçu un appel de Christian Deschênes pour lui donner le numéro de Maxime et Hugo pour la préparation de son équipement. Joly a répondu à Christian que c’était déjà fait puisque Maxime avait déjà communiqué avec le joueur un peu plus tôt suite à l’échange. Ils sont proactifs et aucun petit détail n’est laissé de côté. La partie se termine. Ce n’était pas le plus beau match mais les Éperviers repartent avec les deux points. Il faut maintenant remettre tout l’équipement dans la remorque. Plusieurs joueurs tiennent à les aider et vont eux-mêmes porter leur sac dans le [[trailer]]. À 23 :00, nous reprenons le chemin du retour vers Sorel-Tracy. Après le traditionnel arrêt chez Ashton, nous arrivons à 3 :30 au Colisée Cardin. Il est surprenant d’entrer dans un Colisée aussi silencieux et désert. Nous aidons les gars à vider la remorque. Ils vident chaque sac d’équipement pour l’accrocher et faire sécher celui-ci. À 3 :45, Kevin Lusignan et moi partons. Maxime et Hugo ont encore quelques tâches à effectuer. Leur longue journée achève, ils pourront profiter de leur dimanche pour se reposer. Il ne faut pas oublier que cet emploi est leur hobby. Ils ont un emploi régulier dans la semaine. Les jours de repos sont donc peu nombreux. La prochaine fois que vous verrez un préposé à l’équipement derrière le banc les bras croisés pendant le match, dites-vous que c’est probablement l’instant de la journée où il peut le plus se reposer. Si votre joueur favori réussit à effectuer toute une feinte en débordant le défenseur, pensez aux gars qui ont aiguisé ses patins et préparer son équipement pour que celui-ci soit dans un état optimal. En espérant que ce texte permette de mettre le «spotlight» sur les travailleurs de l’ombre.
Tommy Lavallée
Chroniqueur
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