Crédit photo :Éric Descarries

Lincoln Navigator 2018 et les prototypes Jeep du Moab

Essais routiers Éric Descarries
Lincoln Navigator 2018 et les prototypes Jeep du Moab Je me souviens très bien d’avoir participé au lancement du Lincoln Navigator 1998. C’était à Bolton Landing dans l’état de New York alors que Ford mettait sur le marché le premier vrai concurrent nord-américain aux luxueux Range Rover britanniques. À cette époque, Ford avait tout simplement pris un tout récent Ford Expedition et l’avait affublé d’une calandre de Lincoln, de feux arrière plus imposants et lui avait concocté un intérieur nettement plus luxueux. Ajoutez à cela le plus puissant V8 disponible dans les camionnettes Ford, une suspension raffinée et des ornementations ostentatoires et le Navigator fut né…les concepteurs de Cadillac de GM se tordaient de rire. Ils ne voyaient pas d’avenir dans ce genre de gros VUS de grand luxe. Vous aurez compris qu’ils allaient le regretter très rapidement. En effet, dès son arrivée sur le marché, le Navigator fut un succès. Vingt ans plus tard, ce genre de gros VUS demeure très populaire en Amérique du Nord. Évidemment, chez Cadillac, on s’est pris en main et on a créé l’Escalade (le premier modèle n’était qu’un GMC Yukon avec une calandre de Cadillac et quelques touches de luxe à l’intérieur) alors que les Range Rover, Mercedes-Benz, Lexus LX570, Infiniti QX80 et autres «monstres» du genre allaient emboîter le pas et envahir nos routes. Il n’en fallut pas plus pour que Bentley y ajoute son Bentayga alors que bientôt, nous devrions voir apparaître la version Rolls-Royce d’une véhicule semblable, le Culligan (oui, oui, pas de farce)! Bien entendu, l’image du Navigator a souffert de cette concurrence et il était grand temps que Ford revoit son grand VUS Lincoln. Donc, il y a environ deux ans, le constructeur américain dévoilait le prototype de ce que serait le nouveau Navigator que vous pouvez voir dans ce reportage. Sans surprise, on constatera que le nouveau VUS «king size» de Lincoln est toujours extrapolé du Ford Expedition incluant la caisse et la carrosserie tout en aluminium. Mais la comparaison s’arrête là! Malgré son imposante calandre, le nouveau Navigator présente une allure respectable. (Photo Éric Descarries) En effet, au grand dam de Cadillac, le nouveau Navigator offre plus, beaucoup plus que l’Escalade. Le tout débute par un design extérieur qui, aux yeux de plus d’un observateur, semble bien équilibré. La grande calandre qui paraissait un peu exagérée sur l’étude de style de New York n’est pas si mal, après tout. Notez que son ornement central (qui renferme une caméra, en passant) s’illumine le soir lorsqu’on s’approche du véhicule avec (l’énorme) porte-clé en poches. La caisse du Navigator (disponible en deux longueurs incluant celle de la version L allongée) reprend la silhouette de l’Expedition mais tout à l’arrière, le véhicule se distingue par un feu qui fait toute la largeur du VUS. Incidemment, j’avais le choix entre la version (déjà assez imposante) du Navigator et la version L allongée mais j’ai choisi la plus courte. Je vis dans la région montréalaise, après tout ! Le Navigator qui me fut confié était la version régulière. Il en existe une version L allongée, une véritable limousine. (Photo Éric Descarries) Avant de passer à l’intérieur, j’aimerais décrire l’image technique du Navigator. Oui, elle ressemble à celle de l’Expedition mais très peu à celle du pick-up F-150. La partie avant du châssis en est semblable mais tout à l’arrière, contrairement au pick-up, la suspension en est indépendante ce qui permet de laisser plus de place aux jambes des passagers de la dernière banquette et donne une meilleure tenue de route au grand VUS. C’est ici l’avantage du Navigator sur le Cadillac Escalade qui conserve un châssis avec pont arrière rigide une technologie qui date des années…je vous laisse deviner. Autre différence, au lieu d’un imposant V8 de plus de six litres, Lincoln se fie à un moderne V6 d’à peine 3,5 litres (214 pouces cubes!) pour mouvoir le Navigator…sauf que ce V6 est l’EcoBoost à double turbos de l’impressionnant pick-up Raptor qui fait 450 chevaux et 510 li-pi de couple (ne vous inquiétez pas, Lincoln a vu à corriger le «son» du V6 avec son système dit Engine Sound Enhancement qui reproduit le son d’un V8 dans la cabine par l’entremise de la chaîne audio de luxe…et il est impossible de baisser le son même s’il n’est pas envahissant!). Et dire que toute cette puissance passe par une boîte automatique à 10 rapports! Mon Navigator était à quatre roues motrices (le marché américain a droit à la version strictement à propulsion) avec une commande à la console qui permet divers types de fonctionnement dont certains sont adaptés à la conduite régulière, d’autres à des situations plus difficiles. Les jantes font 22 pouces de diamètre alors que mon véhicule d’essai avait été chaussé de pneus Bridgestone Blizzak d’hiver qui se sont avérés efficaces dans la neige. La direction fonctionne avec l’assistance électrique et elle peut être raffermie si le conducteur en choisit la fonction en conséquence. Mais cela est-il vraiment nécessaire? On y revient! Sous le beau couvercle identifié à la marque Lincoln se cache un V6 EcoBoost biturbo de 450 chevaux. (Photo Éric Descarries) Passons maintenant à l’élément qui caractérise le mieux le Navigator, l’intérieur. Ici, il n’y a plus de ressemblance avec l’Expedition. C’est le grand luxe. Qui plus est, Lincoln semble avoir appris de certains constructeurs allemands car la décoration intérieure se distingue par diverses couleurs des accessoires. Par exemple, le tableau de bord de mon Navigator était d’un noir traditionnel alors que la sellerie de cuir était d’un brun doré me rappelant celle des plus beaux produits de Volkswagen Enfin, les touches décoratives étaient plutôt de métal poli et d’autres touches métalliques. Le tableau de bord est d’un design discret sauf pour l’énorme écran du système de navigation. (Photo Éric Descarries) L’écran y est gigantesque. Sous celui-ci, on note le clavier qui sert aux changements de rapports et le bouton rotatif pour le système autoamtisé de manœuvre de la remorque. (Photo Éric Descarries) Si l’on y va plus en détail, on constate que les designers de Lincoln y ont été plus modérément au niveau du design du tableau de bord. L’instrumentation est plutôt limitée à des éléments de base (ce qui veut dire pas de surinformation au conducteur) mais notons que ceux-ci sont reproduits par réflexion à l’intérieur du pare-brise. Jje crois que c’est une première sur un produit Ford alors que je suis surpris de la lenteur de ce constructeur d’avoir adopté cette technologie que j’apprécie depuis des années, surtout sur des produits GM. Je répète que j’aimerais voir cette technologie sur tous les véhicules du monde! Les marche-pieds s’ouvrent et se ferment au simple contact des poignées et à la fermeture des portières et, non, la neige ne les affecte pas si je me fie à mes expériences avec ce système qui est disponible sur les camionnettes Ford depuis quelques années déjà. (Photo Éric Descarries) Au centre, on retrouve un énorme écran télé suspendu (comme une de ces télévisions à écran plat) qui sert, comme vous vous en doutez, à la radio et au système de navigation (il y a même la WiFi à bord!). Il sert aussi aux multiples caméras (avant, arrière, latérales et même tout le tour du véhicule). Sachez qu’en pressant un bouton, on obtient également une image de ce qui se passe devant la camionnette, un accessoire utile vu les dimensions imposantes du Navigator. Juste sous cet écran se trouve le clavier qui permet de passer les vitesses (il n’y a pas de levier de vitesses sur ce Lincoln). Le Navi qui me fut prêté par Ford du Canada pouvait accepter sept personnes à son bord. Les deux sièges baquets d’avant sont d’un confort difficile à décrire car on peut les configurer selon les goûts et besoins des passagers…c’est à cela que servent les 30 positions possibles. Un simple passage au grand écran central permet même d’activer un massage du dos ou du fessier. Les deux places arrière offraient tellement de place pour les jambes des passagers que c’en est indécent. Inutile de préciser que les sièges sont chauffants…ainsi que le volant. Puis, il y a cette fameuse troisième banquette qui, normalement, n’est possible que pour des enfants. Pas sur le Navigator car, grâce à suspension arrière indépendante, il y a suffisamment de place pour les jambes de passagers adultes qui peuvent aussi y régler leur climatisation. Enfin, en ce qui a trait à l’espace de chargement, il peut passer de faible si tous les sièges sont en place à caverneux si tous les dossiers du centre et d’arrière sont rabattus. Ah oui! Il ne faut pas oublier que le hayon arrière s’ouvre par le passage du pied de l’opérateur sous le pare-chocs (si ce dernier a le porte-clés en poche). Enfin, il faut le vivre pour le croire… Les places arrière sont dignes des grandes limousines incluant la télé individuelle. (Photo Éric Descarries) Une fois tous les dossiers de siège en place, on dirait qu’il n’y a pas tant d’espace de chargement… (Photo Éric Descarries) …mais, une fois rabattus (par commande électrique !), ce même espace devient tout simplement caverneux! (Photo Éric Descarries)

Sur la route

Conduire un Lincoln Navigator peut être toute une expérience. Évidemment, il faut prendre ses dimensions en considération incluant son poids de plus de 6000 livres. Mais on s’y fait rapidement. Tout d’abord, ce véhicule permet une visibilité unique dont les points les plus faibles (dont, évidemment, les imposantes dimensions) sont corrigés par les multiples caméras qui aideront le conducteur à l’écran lors de manœuvres de stationnement. Toutefois, peu de gens utiliseront le Navigator pour des déplacements urbains. Autrement, le Navigator est à l’aise en banlieue et sur les grand-routes. Question performance, si vous tentez des accélérations avec ce bahut, sachez que le V6 de 450 chevaux lui permet de passer du point mort à 100 km/h en moins de sept secondes (plutôt six secondes), la boîte auto à dix rapports aidant. Les palettes de changement de rapport au volant aident également mais je m’en suis servies surtout pour les décélérations (pas toujours efficace vu qu’il faille «downshifter» très rapidement…souvenez-vous, dix rapports). Les reprises sont, vous vous en doutez, impressionnantes (450 chevaux aidant!). Quant à la tenue de route, elle est plutôt remarquable pour un tel camion! Même le freinage à quatre disques est à la hauteur de la situation…mais il ne faut pas en abuser. La direction m’a paru précise mais j’ai eu un peu de difficulté avec le retour du volant pas toujours rapide. Toutefois, il faut mentionner le rayon de braquage plutôt court pour un véhicule de ce gabarit. Enfin, si vous considérez tirer une remorque avec le Navigator, sachez que sa capacité maximale est de 8300 livres! De plus, le Navigator est équipé du système de contrôle de la remorque en marche arrière. Avec celui-ci, (après avoir appliqué le collant en damiers au support oblique de la flèche), il ne suffit que de choisir l’endroit où on veut placer la remorque, passer en marche arrière, activer le bouton rotatif du système et surtout ne pas toucher au volant. Le conducteur peut alors placer la remorque dans la direction qu’il désire et reculer lentement en laissant le Navigator «jouer» avec la direction (souvenez-vous, on ne touche pas au volant) tout en observant les mouvements sur le grand écran! J’ai aussi essayé le Navigator avec les Blizzak dans la neige (voir photos) et en «jouant» avec la commande «Mode» à la console, j’ai réussi à trouver la fonction idéale pour déplacer l’imposant véhicule. Évidemment, on se dit tous qu’une telle camionnette doit consommer à outrance. Si l’on tient compte de ses spécifications, on peut considérer qu’à 16 L/100 km (l’ordinateur de bord indiquait 15,2), le Navigator n’est pas si énergivore pour un véhicule de son gabarit surtout en condition hivernale. Enfin, si vous vous demandez combien il coûte, sachez que d’entrée, ce Lincoln Navigator Reserve affiche un prix de base de 90 500 $ auquel il faut, naturellement, ajouter les 100 $ de la taxe d’accise (tellement inutile) pour la climatisation, les 150 $ des carpettes avant et arrière, les 2000 $ de l’ensemble de remorquage, les 3000 $ de l’ensemble de technologie, les 1000 $ de l’ensemble Perfect Position, les 2350 $ de l’ensemble de divertissement pour les passagers d’arrière et les 500 $ de pièces d’arrimage de l’espace de chargement. Enfin, il ne faut pas oublier les 2000 $ de frais de livraison et préparation et on en arrive à un total de 101 600 $…avant taxes. Pour compléter le tableau, rappelons que le Navigator a aussi été voté le VUS de l’année par l’association des journalistes automobile nord-américains. Vous vous demandez alors qui peut bien acheter de tels véhicules? L’année dernière, il s’est vendu plus de 650 Navigator au Canada et déjà, pour les deux premiers mois de 2018, les concessionnaires de Lincoln en ont déjà livré plus de 170. L’année dernière, Cadillac, le principal concurrent de Lincoln a vendu plus 2925 Escalade et Escalade ESV au Canada alors que les deux premiers mois de 2018 nous indiquent que quelque 296 unités ont trouvé preneur. C’est donc un créneau intéressant (auquel, ne l’oublez pas, il faudrait ajouter les Range Rover, Lexus 570, Infiniti QX80 en plus des Bentley Bentayga…)

Des Jeep de rêve…

Chaque année, la division Jeep de FCA (Fiat Chrysler Automobiles) nous présente une poignée d’études de style basées sur des Jeep (surtout des Wrangler) juste avant l’évènement hors route de Moab dans l’Utah aux États-Unis. Cette fois, les concepteurs de Jeep (je m’imagine que notre ami et compatriote Ralph Gilles doit y avoir son mot à dire) ont travaillé à faire des versions personnalisées de la nouvelle Wrangler (de code JL) à venir en plus de quelques surprises… Surprise, les designers de Jeep ont su trouver une Jeep Wagoneer des années soixante et la raviver avec une mécanique moderne incluant un V8 HEMI ! (Photo FCA) La 4Speed est tout simplement un Wrangler JL (2019) à quatre cylindres turbo de 2,0 litres «vidée» de ses accessoires et finitions afin d’atteindre un poids léger. Et la suspension n’est pas modifiée…elle est surélevée grâce à la perte de poids! (Photo FCA) La Sandstorm est un exemple de ce qu’on pourrait faire avec le pick-up Wrangler qui devrait être mis sur le marché en avril de l’année prochaine. (Photo FCA) Cette Renegade TrailHawk est ma deuxième Jeep Moab préférée après la Wagoneer. Grimpée sur une suspension surélevée, elle n’affiche que quelques accessoires Mopar. Mais c’est la preuve que ce petit VUS sous-compacte pourrait devenir un sérieux véhicule tout-terrain. (Photo FCA) La Nacho Jeep n’est qu’une Wrangler Rubicon avec le quatre turbo avec tous les accessoires Mopar disponibles chez les concessionnaires Jeep. (Photo FCA) La Jeepster est une étude de style nous rappelant les Jeepster du passé. La suspension en est relevée (Moab oblige) alors que le pare-brise est fortement incliné. (Photo FCA) Enfin, la J-Wagon (un pied de nez à Mercedes-Benz et sa G-Wagon ?) se veut une JL avec un équipement de luxe modifiée pour faire les sentiers les plus exigeants. (Photo FCA) Pour lire le blog d'Éric Descarries